La Bienheureuse Émilie Gamelin, fondatrice des Sœurs de la Providence

Une e
nfance difficile

Émilie Tavernier est née à Montréal le 19 février 1800. Cadette d’une famille de 15 enfants, la petite Émilie perd très tôt sa mère, Marie-Josephte Maurice, en 1804. Elle est prise en charge par son oncle Joseph Perrault et sa femme qui poursuivent son éducation chrétienne. Le père d’Émilie, Antoine Tavernier, décède à son tour en 1814, laissant Émilie orpheline à l’âge de 14 ans.

La jeune fille qui étudie auprès des Sœurs de la Congrégation Notre-Dame se distingue par son sens des responsabilités et son dévouement. Elle démontre un grand esprit d’initiative et le respect des valeurs chrétiennes ainsi qu’un sens pratique qui lui sera utile toute sa vie. Elle fait preuve de compassion envers les pauvres et ne ménage pas ses efforts envers son prochain.

Épouse, mère et veuve


En 1823, elle se marie avec Jean-Baptiste Gamelin. Le couple aura trois enfants qui, malheureusement, mourront tous en bas âge. M. Gamelin décède à son tour en 1827. Avant de mourir, il lui confie Dodais, un jeune handicapé mental, et sa mère. Ce jeune garçon et sa mère deviennent le point de départ de l’œuvre charitable d’Émilie Tavernier-Gamelin.

Jeune veuve, Émilie Gamelin trouve consolation près de Notre-Dame des Sept-Douleurs et se dévoue dans les associations pieuses et charitables qui s’activent auprès de la population montréalaise. Elle déménage plusieurs fois afin de pouvoir accueillir chez elle un nombre toujours grandissant de personnes âgées infirmes. Elle ne recule devant aucune misère et consacre son temps, sa santé et sa fortune à soulager ceux et celles qui sont dans le besoin. Elle a placé sa foi en la Hymne à la Providence (hymne qu'elle faisait chanter à ses personnes âgées) et Providence divine,(prière qu'elle affectionnait). Elle y trouve sa sécurité et sa force d’action. En 1842, elle fait le vœu de se consacrer totalement au service des pauvres. On la surnomme alors « la Mère des pauvres », « l’Ange des prisonniers » et « la Providence des malheureux ».

La vie religieuse

En 1841, Monseigneur Ignace Bourget, évêque de Montréal, désireux de perpétuer l’œuvre à laquelle se dévoue Émilie Gamelin depuis 15 ans, décide de confier le mandat à une communauté religieuse, soit un groupe de Filles de la Charité de Saint-Vincent de Paul ayant accepté de venir au Canada. Émilie Gamelin, qui est alors à construire l’Asile de la Providence à l’angle des rues Sainte-Catherine et Saint-Hubert, se réjouit de savoir que du renfort arrive de France. L’Asile est terminé en 1843.

Toutefois, la communauté française change d’avis et renonce à s’installer à Montréal. Mgr Bourget réagit en fondant lui-même une communauté religieuse canadienne pour réaliser le projet d’Émilie Gamelin. Le 29 mars 1844, Émilie et six novices prononcent leurs vœux de religion dans la chapelle de l’Asile de la Providence. Mgr Bourget érige canoniquement l’Institut que le peuple nomme déjà « Providence ». Le nom s’impose tout naturellement et les Sœurs de la Providence prennent leur envol.

La nouvelle Mère Gamelin continue de se dévouer sans relâche auprès des personnes âgées, des prêtres malades ou infirmes, des malades, des immigrants, des handicapés physiques et mentaux, des orphelins... Malheureusement, à peine sept ans plus tard, le 23 septembre 1851, Mère Gamelin est emportée par l’épidémie de choléra qui sévit à Montréal. Elle laisse derrière elle une cinquantaine de religieuses qui mettront en marche l’expansion de leur communauté au Québec et ailleurs dans le monde.

Sur les pas d’Émilie
     

Le tombeau de Mère Gamelin se trouve maintenant à la Maison mère des Sœurs de la Providence située au 5655, rue de Salaberry à Montréal. Depuis mai 2000, une place porte son nom à Montréal à l’endroit même où fut érigé l’Asile de la Providence : la Place Émilie-Gamelin est située sur le terrain de la station de métro Berri-UQAM, où l’on retrouve une statue de Mère Gamelin.

Le 7 octobre 2001, soit 150 ans après sa mort, Émilie Tavernier-Gamelin a été béatifiée à Rome par le pape Jean-Paul II. Son procès de canonisation est en cours.

 


                             Mme Emilie Tavernier Gamelin vers 1840
     Mère Gamelin, fondatrice des Soeurs de la Providence après 1843